Naître et survivre by Wendy Holden

Naître et survivre by Wendy Holden

Auteur:Wendy Holden [Holden, Wendy]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782258118676
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 2015-05-06T22:00:00+00:00


©Dr Michael Düsing

Carte d’identité de Leopoldine Wagner

Le lendemain, un officier SS lui tendit le sous-vêtement en lui demandant si c’était le sien. Elle acquiesça d’un air penaud. « Si vous avez un cadeau à faire, faites-le à une Allemande, répondit froidement l’officier. Sinon, vous ne vous appellerez bientôt plus Frau Wagner, mais Numéro mille et quelques ! »

Après cette terrifiante mise en garde, Leopoldine Wagner cessa pendant un moment d’aider les prisonnières. « Bien sûr que j’ai eu peur ! dira-t-elle. A l’époque, si vous ne hurliez pas avec les loups, vous aviez déjà un pied dans les camps de concentration. » Mais son courage reprit vite le dessus. Emue par la détresse d’une très jeune Hongroise nommée Ilona, qui avait été pianiste avant guerre, Leopoldine décida de l’aider à s’évader. « Je lui ai fait apprendre par cœur l’adresse de ma sœur en Autriche, expliquera-t-elle. Je m’étais imaginé qu’elle pourrait se cacher dans un couvent jusqu’à la fin de la guerre. » Avec l’aide d’un prêtre catholique de Freiberg, elle dissimula une robe et une cornette de religieuse dans le confessionnal de la Johanniskirche, une des églises du centre-ville, en prévision du jour où sa protégée se rendrait comme chaque mois à l’Arbeitshaus toute proche pour prendre une douche. Ilona devait essayer d’échapper à la vigilance des SS pendant le trajet, sortir du rang, et se glisser dans l’église pour se changer. « Je ne sais pas si elle a réussi à s’enfuir. Mais les vêtements ont disparu. »

D’autres employés de l’usine prirent les déportées en pitié. Citons notamment Christa Stölzel, une Allemande alors âgée de dix-sept ans, qui travaillait dans les bureaux : elle cachait du pain et des biscuits dans sa corbeille à papier afin que les prisonnières puissent s’alimenter lorsqu’elles feraient le ménage à la nuit tombée. Il s’agissait là d’un « crime » passible d’une lourde peine, mais Christa le commit à de nombreuses reprises dans l’espoir d’aider les déportées. Un des contremaîtres agissait de manière similaire : il cachait des pansements et parfois un petit sachet de bonbons derrière les étais qui soutenaient les ailes d’avion en construction. Quoique peu nombreuses, ces petites attentions destinées à demeurer clandestines firent la joie de leurs destinataires.

Hormis ces rares exceptions, la majorité des habitants de Freiberg ne fit rien pour secourir les détenues du camp de travail. Par peur ou par ignorance ? Les deux, sans doute. D’après Leopoldine Wagner, les civils évitaient soigneusement la question : « Personne n’en parlait. La plupart d’entre nous savaient qu’il y avait des baraquements à Hammerberg, mais personne ne cherchait à savoir qui était enfermé là-bas, et ce que les prisonniers enduraient. »

Quasiment privées d’aide extérieure, les déportées connurent des difficultés croissantes à mesure que la température chutait. Même serrées les unes contre les autres, à trois ou quatre sur une couchette pour tenter de se tenir chaud, elles manquaient chaque nuit de périr sous leur fine couverture. La faim les tenaillait d’autant plus douloureusement qu’elles devaient brûler des calories pour lutter contre le froid.



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